Nous sommes dans une chambre du 17e étage sud, au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Des bouquets de fleurs répandent un doux parfum. Des décorations enjolivent la place. Un petit buffet, un gâteau et du mousseux font saliver les quelques invités. À la porte, des membres du personnel se bousculent pour voir leur belle Josée dans sa robe blanche en dentelle.
Nous sommes le 15 juillet 2020. Josée Fournier, une patiente du CHUM aux prises avec le cancer, sera transférée aux soins palliatifs dans quelques jours. Mais aujourd’hui, elle rayonne aux côtés de son amour, Daniel Pinkney, qui a revêtu un smoking pour l’occasion. Peu bavard habituellement, Daniel s’enflamme quand il parle de sa douce : « Grâce à cette femme-là, je suis devenu un homme. Je l’aime tellement! »
Une histoire d’amour qui a commencé il y a près de 25 ans
Les amoureux allaient fêter leur 25e anniversaire de rencontre en 2021 et songeaient à se marier pour l’occasion. « J’avais un rêve, celui de marier l’homme de ma vie. Mais étant donné les circonstances, raconte Josée, on a décidé de se marier maintenant, avec l’aide du CHUM. »
Daniel a fait les démarches pour trouver un célébrant, des alliances et inviter des proches. La sœur du marié, quant à elle, a préparé un buffet, et la sœur de Josée s’est chargée, avec ses enfants, de décorer la chambre. Des préposés du CHUM ont pour leur part bichonné la mariée avec tendresse : coiffure, maquillage, manucure. Ils ont également déposé avec délicatesse une jolie couverture sur le fauteuil pour cacher la jambe qu’a dû se faire amputer Josée, quelques semaines plus tôt.
La robe de mariée? C’est une infirmière praticienne spécialisée en chirurgie vasculaire du CHUM, Nathalie, qui la lui a apportée de chez elle après que Josée a déploré le fait que Daniel verrait la robe s’il la magasinait lui-même — un affront à la tradition! L’infirmière praticienne a d’ailleurs pris le temps, aujourd’hui, de venir féliciter Josée : « Je considère vraiment que tu le mérites, du plus profond de mon cœur, lui dit-elle en lui tenant les mains. Ça va bien, tu tiens le coup? » La douleur est là, explique la patiente, mais étant entourée de ceux qu’elle aime, elle ne peut pas se sentir mieux.
En attendant le célébrant, Josée remercie les personnes venues célébrer leur amour. Son sourire laisse place à des larmes lorsqu’elle qualifie Daniel d’ange gardien, de sauveur. « C’est lui que j’aime et c’est avec lui que je veux finir mes jours! » Il faut dire que Daniel la soutient dans son combat contre le cancer depuis le début — sept jours sur sept, il a été à ses côtés.
Puis, le célébrant arrive pour une courte cérémonie. Lorsque celui-ci demande à Daniel s’il veut prendre Josée pour épouse, Daniel répond spontanément : « Absolument, oui. » On lui souffle les mots officiels à prononcer, et il se reprend : « Oui, je le veux. » Josée, à son tour, prononce avec sérénité ces mots que son cœur a déjà répétés mille fois.
Une fois les formulaires d’usage signés, alors qu’elle célèbre avec ses proches, Josée prend le temps de se délecter du parfum de son magnifique bouquet d’orchidées, caressant au passage sa joue des doux pétales. Elle sourit, resplendissante, à la photographe qui immortalise ce beau moment. Un avant-goût du paradis, peut-être, puisque Josée sait que ses jours sont comptés.
L’amour, jusqu’au bout
C’est aux côtés de son amour, Daniel, que Josée aura vécu ses derniers moments. Sa résilience, sa douceur et sa gratitude envers la vie demeurent une source d’inspiration pour tous ceux et celles qui l’ont côtoyée.
