Témoignage du couple Luong-Si
« Le temps semblait durer une éternité, mais les pensées qui me traversaient l’esprit se bousculaient à toute vitesse. La simple idée de ne pas le revoir en vie m’anéantissait… »
– Ai Tuyet Luong-Si
Un soir de novembre en 2012, j’ai commencé à ressentir un malaise. Une extrême fatigue m’a accablé, doublée d’une nausée subite. J’ai dû faire appel à ma femme afin qu’elle m’aide à me déplacer. Nous n’étions pas trop inquiets, on se disait qu’il s’agissait probablement d’une indigestion et que ça allait passer.
Au réveil le lendemain, l’inconfort persistait et je sentais que ma lèvre supérieure était engourdie. Puisque c’était un jour de fin de semaine, nous avons appelé le 9-1-1 afin de recevoir les services des paramédicaux au lieu de nous rendre à la clinique. Nous n’étions toujours pas stressés, nous voulions simplement que le malaise passe.
Une fois les ambulanciers arrivés, ils ont procédé à l’électrocardiogramme. Cinq minutes plus tard, je me retrouvais dans l’ambulance avec ma femme, en route pour le CHUM. Tout est allé tellement vite que mes seules pensées étaient : « Zut… Je n’ai pas envie de passer des heures à l’urgence pour quelque chose d’anodin. » Une quinzaine de minutes après le tri, j’étais sous anesthésie pour crise cardiaque. C’est là où tout devient un peu flou pour moi…
Le cas de mon mari s’est avéré beaucoup plus grave qu’on pensait. Il a été plongé dans un coma artificiel pendant cinq semaines suite à une opération à cœur ouvert. Tout s’est déroulé tellement rapidement, je n’ai pas eu le temps de lui dire au revoir avant qu’on l’endorme. Durant ces semaines, le temps semblait durer une éternité, mais les pensées qui me traversaient l’esprit se bousculaient à toute vitesse. La simple idée de ne pas le revoir en vie m’anéantissait.
Je mélangeais le rêve et la réalité : j’ai eu l’impression de m’être réveillé à plusieurs reprises pendant mon coma. Et à chaque fois que je pensais ouvrir les yeux, c’est ma femme que je voyais. Dans ce tourbillon confus, je pouvais la sentir près de moi, solide à mes côtés.
J’allais lui rendre visite tous les jours. Je passais des heures à fixer l’écran qui suivait les battements de son cœur. Un jour, je suis arrivée dans sa chambre et je l’ai vu éveillé. Ses esprits étaient encore un peu confus à cause de l’effet des médicaments, mais j’étais si heureuse de voir qu’il me reconnaissait et ne m’avait pas oubliée.
Quelques semaines plus tard, encore alité dans sa chambre d’hôpital, Thuong s’est mis à avoir de la difficulté à respirer. Nous avons immédiatement prévenu l’équipe soignante. Après quelques vérifications, le Dr Hélou, le médecin qui suivait mon mari, a remarqué un problème au niveau de la valve mitrale, ce qui expliquait son essoufflement. Il m’a aussitôt dit qu’il devrait procéder au remplacement de cette valve. Cela impliquait une deuxième opération à cœur ouvert.
À ce moment, le docteur m’a prévenue qu’il s’agissait d’une opération très risquée et qu’il se pouvait que mon mari n’y survive pas. C’est avec beaucoup d’émotion, mais beaucoup d’espoir que j’ai donné mon feu vert pour aller de l’avant avec cette opération. Sans le remplacement de la valve, sa condition se détériorerait davantage, et je savais que s’il mourait sur la table d’opération, il ne souffrirait pas grâce à l’anesthésie. Même si les chances que cela fonctionne étaient minces, je sentais dans mon cœur qu’il fallait tout de même essayer.
Rien ne peut décrire le sentiment que j’ai eu lorsque je l’ai vu sortir de la salle d’opération. Il pouvait à nouveau respirer, et moi aussi…
Nous avions à peine eu le temps de reprendre notre souffle qu’il était en route pour une troisième intervention. Heureusement, tout s’est bien déroulé, encore une fois.
Neuf mois plus tard, la saga d’interventions chirurgicales et les semaines de réadaptation ont enfin mené au retour à la maison de mon mari. Quelle joie de le voir, chaque matin, se lever avec cette volonté et cette reconnaissance envers la vie. Sa condition laissait présager qu’il ne lui resterait que deux ans à vivre, et voilà que nous entamons notre cinquième année, main dans la main.
L’équipe médicale du CHUM m’a sauvé la vie avec dévouement, expertise et surtout, avec beaucoup de cœur.
J’éprouve énormément de gratitude envers tous ceux qui ont soutenu ma femme lors de mon « absence » durant ces plusieurs mois d’hospitalisation. Chacun de leurs mots, regards et attentions ont su lui transmettre l’espoir nécessaire afin de passer à travers cette épreuve.
Et que dire de ma chère Ai Tuyet? Celle qui n’a jamais cessé d’être mes racines fortes et profondes, alors que la vie s’amusait à me virevolter dans tous les sens. Sincèrement, merci.
Nous serons éternellement reconnaissants envers le soutien des donateurs qui permet aux médecins de sauver des vies, jour après jour. Nous tenons, nous aussi, à appuyer ces professionnels afin que d’autres vies soient sauvées. Faire un don à la Fondation du CHUM est, pour nous, un simple geste qui a le pouvoir d’offrir des soins d’exception à des gens qui en ont besoin.
Du fond du cœur, merci infiniment.
– Ai Tuyet et Thuong Luong-Si
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