C’est alors que Bertrand Routy poursuivait son doctorat en immuno-oncologie à l’institut Gustave Roussy près de Paris, un centre européen réputé dans la lutte contre le cancer, que ses collègues et lui font une découverte pour le moins surprenante : les bactéries présentes dans le tube digestif jouent un rôle important dans la réponse des patients sous immunothérapie du cancer.
Rappelons que l’immunothérapie, dans le domaine du cancer, n’est rien de moins qu’une révolution. Cherchant à stimuler le système immunitaire pour détruire des tumeurs cancéreuses, l’immunothérapie a changé à jamais la façon dont on traite les patients atteints de certains types de cancers, et surtout, a augmenté considérablement leur espérance de vie. « Il y a 7 ans, l’espérance de vie d’un patient atteint d’un mélanome, une forme grave de cancer de la peau, était de seulement 6 mois. Grâce à l’immunothérapie, maintenant, 50 % des patients atteints d’un mélanome sont encore en vie 5 ans après le début des traitements », illustre le Dr Bertrand Routy.
Malgré ces statistiques réjouissantes, il y a encore, malheureusement, 1 patient sur 2 chez qui le cancer continue de progresser. Mais pour le Dr Routy, c’est précisément pour ces patients que le rôle joué par les bactéries présentes dans le tube digestif lors d’un traitement d’immunothérapie représente une grande source d’espoir.
En effet, aujourd’hui professeur adjoint d’hémato-oncologie à l’Université de Montréal et directeur scientifique du laboratoire d’immunothérapie et de microbiome du Centre de recherche du CHUM, le Dr Routy est déterminé plus que jamais à trouver des solutions qui pourraient permettre d’augmenter l’espérance de vie de ces patients répondant moins bien à l’immunothérapie. Pour ce faire, son équipe s’investit sans relâche afin de mieux comprendre le rôle des bactéries présentes dans le tube digestif des patients atteints de cancer. Son équipe souhaite ainsi pouvoir utiliser certaines bactéries pour prédire quels patients seront les plus susceptibles de bien répondre aux traitements.
Le Dr Routy et son équipe
L’équipe du Dr Routy tente également d’augmenter l’efficacité de l’immunothérapie en modifiant ce qu’on appelle le microbiote intestinal humain (anciennement connu sous le nom de flore intestinale). Pour y arriver, elle offre à des patients atteints du cancer des capsules contenant des selles de donneurs en santé qui possèdent de « bonnes bactéries ». Une méthode pour le moins étonnante, mais qui a déjà fait ses preuves, notamment face à la bactérie C. difficile.
Véritable pionnier dans son domaine, le Dr Routy s’estime très chanceux de pouvoir offrir ce traitement innovant à des patients traités à l’unité d’innovation thérapeutique du CHUM dans le cadre de la 3e étude de ce type au monde, la première au Canada. Les résultats sont pour le moment très encourageants et motivent le Dr Routy et son équipe à poursuivre leurs efforts.
« Pouvoir essayer ce nouveau traitement me permet d’envisager l’avenir avec plus d’optimisme. J’espère sincèrement que les résultats encourageants que nous voyons jusqu’à maintenant permettront bientôt d’offrir ce traitement face au cancer à tous les Québécois qui, comme moi, pourraient en avoir besoin. »
Nicole Bouchard, 72 ans, patiente du CHUM
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